
Né en 1841 à Limoges, Auguste Renoir est issu d’une famille très modeste. Il se destine à être peintre sur porcelaine et entre très jeune comme apprenti à l’atelier de porcelaine
Lévy Frères & Compagnie. Le soir il poursuit son apprentissage à l'École de dessin et d’arts décoratifs. En 1862 il tente et réussit le concours d'entrée à l’École des beaux-arts de Paris. Il étudie auprès de Charles Gleyre, en compagnie d'autres étudiants qui comme lui deviendront célèbre : Claude Monet, Frédéric Bazille et Alfred Sisley.
Le style d'Auguste Renoir est difficilement classable. Membre du cercle des Batignolles et très proche de Monet, il se détache pourtant de l'école impressionniste dès les années 1880. Il est intéressé moins par les paysages que les portraits et le nu féminin. Son style s'affirme avec sa célèbre toile
Déjeuner des canotiers (1881). Il entre alors dans la période dite ingresque ou Aigre qui aboutit à la réalisation des
Grandes Baigneuses (1887). Auguste Renoir s'appuie sur une solide connaissance des maîtres de la Renaissance italienne et sur la peinture française du XVIIIe siècle. Il voue plus précisément une grande admiration à l'oeuvre de Fragonard.
A partir de 1890, les toiles d'Auguste Renoir présentent une plus grande fluidité des traits à l'exemple des "
Jeunes filles au piano qu'il peint en 1892. Son nom devient connu et ses toiles se vendent très bien.
Sa première crise de rhumatisme remonte a 1897, il a alors 56 ans. Avec Claude Monet, il est un des rares artistes du cercle des Batignolles à peindre encore. Son amie Berthe Morisot et le peintre-mécène Caillebotte sont décédés quelques années plutôt; sans parler de leur maitre à tous, Manet mort depuis 1883. La grave affection rhumatismale l’affaiblit année après année. Il emménage à Cagnes-sur-Mer où il fait l’acquisition d’une propriété de 3 hectares,
Les Collettes. A cette période, il peint des portraits de famille, des paysages et principalement des nus. Pendant la Grande guerre ses fils sont blessés, sa femme quant a elle meurt en 1915 d’une crise cardiaque a l’âge de 56 ans. Ces drames accélèrent la maladie de Renoir.
Un film tourné par Sacha Guitry en 1915 sur le célèbre peintre nous éclaire sur son état de santé et les conditions de travail difficiles. Sacha Guitry décrit ainsi sa rencontre : « L'admiration dont Renoir était entouré n’avait aucunement modifié son caractère. Et ceux qui l’ont connu jadis m’ont dit qu’il était exactement le même dans sa jeunesse. Renoir a 77 ans et est très malade. Les rhumatismes ont déformé ses pauvres mains et bien qu’il souffre perpétuellement, il travaille sans cesse. Rien n’était plus émouvant de voir cet homme, ce grand homme plié en deux par la douleur et qui était obligé pour peindre de glisser ses pinceaux sous des bandelettes de toile dont on entourait ses mains nouées comme des sardines. Il continuait de peindre malgré tout et sa vision des choses était telle qu’elle était quand il avait 20 ans. Il n’avait aucune mélancolie et sans tristesse il voyait refleurir chaque année les anémones qui n’avaient pas de secret pour lui. Et il disait le plus simplement du monde des choses magnifiques.
S’étant aperçu que des toiles faites par lui trente ans auparavant avaient un peu perdu de leur éclat il employait depuis quelques années les tons les plus vifs de sa palette et si on lui en demandait la raison, il disait « je travaille à présent pour l’avenir. Les toiles que je fais aujourd’hui seront bien dans 20 ans ». Chaque matin lorsque sa cuisinière revenait du marché, Renoir lui demandait ce qu’elle avait acheté, alors elle vidait son panier sur la table de la salle à manger. Généralement c’était la qu’il travaillait et il choisissait parmi les légumes et parmi les fruits le sujet d’une nature morte qu’il faisait immédiatement car pour lui chaque chose était un sujet de toile ».